A casa de Alice

Alice, manucure, vit avec sa famille dans un quartier populaire de la banlieue de São Paulo. Sa mère Jacira s’occupe du ménage et devient progressivement aveugle ; son mari Lindomar, chauffeur de taxi, enchaîne les aventures avec des adolescentes ; leurs trois enfants, Lucas, Edinho, et Junior, divergent dans leurs aspirations, leurs comportements et leurs styles. L’aîné rêve de devenir lieutenant; celui du milieu, le chouchou de sa grand-mère, est révolté, voyou; Junior, le dernier, représente l’adolescent type, troublé par le réveil de sa sexualité. Prise dans un quotidien on ne peut plus banal, Alice retrouvera grâce à sa meilleure cliente un ancien amour, Nilson, qui suscite en elle des espoirs de romantisme et d’épanouissement.

Dans ce premier long-métrage de fiction, le documentariste Chico Teixeira restitue avec finesse l’univers banal et lent des classes populaires brésiliennes : l’histoire y est racontée presque avec indifférence, les décors sont simples mais bien trouvés, tandis que les images du directeur de photographie Mauro Pinheiro Jr. (Cité de Dieu et Cinéma, Aspirines et Vautours) sont délicates et pâles. Cordiale et féroce, l’actrice Carla Ribas excelle dans son premier rôle principal: ses éclats de rage, tout comme son sourire franc, attestent d’un talent qui n’ira pas sans fasciner le public français. Avec des réalisateurs comme Lais Bodanzky, Karim Aïnouz ou Marcelo Gomes, Chico Teixeira s’inscrit dans un heureux renouveau du cinéma brésilien, encore méconnu en France. À ne pas rater donc !