Abel

Traumatisé par le départ de son père, Abel vient de passer deux ans à l’hôpital. De retour au foyer familial, ce petit garçon de neuf ans abandonne progressivement son étrange mutisme : oscillant entre la convalescence et la pure folie, il endosse le rôle du père de famille traditionnel. Afin de ne pas le bouleverser, la famille se prête au jeu et voit son quotidien radicalement transformé. La grande sœur est ainsi obligée de rendre des comptes au petit frère, tandis que la mère découvre les exigences de son nouvel « époux ». La farce se prolonge jusqu’au jour où le père revient à la maison… Aveuglé par ses rêves de grandeur, Abel se montre alors incapable de faire face à la réalité…

Dans son premier long métrage de fiction, le célèbre acteur Diego Luna s’attelle à un sujet délicat. La folie enfantine acquiert une dimension clairement œdipienne et le principal atout du film est de traduire ce parcours initiatique par de simples gestes quotidiens. Ainsi, ce drame aux accents tragi-comiques nous confronte à une inquiétante légèreté, sans doute plus efficace qu’une mise au crible d’ordre psychologique. Confrontant le spectateur à l’intimité du foyer familial, le réalisateur affiche une grande sobriété dans la photographie.