Aisheen (Chroniques de Gaza)

Tourné au début de l'année 2009, ce documentaire retrace le lendemain d'une guerre bien ancrée dans l'esprit des habitants de Gaza. Trois semaines après des bombardements israéliens, leur quotidien prend irréfutablement des airs de débâcle. Dans le zoo de la ville, les animaux qui ont survécu aux raids sont coléreux. Au niveau de l'approvisionnement d'essence, les queues apparaissent péniblement longues. Pourtant, malgré les nombreux exemples de cette précarité institutionnalisée, le réalisateur nous livre un portrait plus nuancé de cette zone de conflits. À l'exemple d'un étonnant groupe de rap local, la population s'est habituée à vivre dans l'incertitude, dans l'attente de jours meilleurs...

Primé au Festival de Berlin, Aisheen surprend d'abord par le contexte de son tournage : en deux semaines, Nicolas Wadimoff a recueilli un précieux matériel sur l'après-guerre à Gaza. Sous la forme de plusieurs chroniques, le film n'obéit pas à un scénario, mais suit plutôt les différentes rencontres faites sur place. Cela explique sans doute l'incroyable pouvoir « d'écoute » dont le réalisateur fait preuve. Plutôt que de s'adapter à des discours politiques préétablis, Wadimoff cerne le sentiment de vacuité auquel la population est confrontée. Ce choix lui permet de nous présenter des témoignages sincères et des situations aberrantes.