Araf, quelque part entre deux

Coulant leurs journées au milieu de nulle part, Zehra et Olgun sont pris par un sentiment de vide qui les fait rêver de jours meilleurs. En effet, tous deux travaillent dans la cafétéria d’une station-service et sont entrés de plain-pied dans la culture du jetable et de l'éphémère. En quête d’évasion, ils cèdent aux égarements de leur imagination et bâtissent des châteaux en Espagne : si Zehra ne cesse de songer à son « prince charmant », Olgun, quant à lui, souhaite trouver gloire et fortune en participant à un jeu télévisé…

Outre le conflit entre rêve et réalité, ce sixième long-métrage de Yeşim Ustaoğlu revêt une dimension d’" éducation sentimentale " qui ne passera pas inaperçue. Il s’agit de décrire le passage à la vie adulte de ces deux adolescents rêveurs, tout en restituant l’atmosphère floue et angoissante dans laquelle ils évoluent. À la réalisatrice de préciser qu'« Araf signifie purgatoire ou limbes en turc. Un état d’attente entre le ciel et l’enfer. » Après le succès de La Boîte de Pandore (2009), Ustaoğlu semble une fois de plus avoir séduit la critique internationale, puisqu' Araf, quelque part entre deux a été présenté dans de prestigieux festivals tels que celui de Venise ou celui de Tokyo.