Bestiaire

“Une grande partie du film consiste à montrer ce qui nous unit aux animaux” explique le réalisateur québecois. Et en effet, entre un court prologue où des étudiants du Studio National d’Art Contemporain de Tourcoing dessinent une gazelle empaillée qui leur fait face et un intermède où des taxidermistes travaillent sous le regard de leurs animaux “ressuscités”, nous suivons la vie du Parc Safari (Québec) hiver comme été. Malicieusement, le réalisateur filme les gardiens observant les animaux qui, en fixant la caméra, nous regardent… si bien qu’on finit par se demander “qui regarde qui” ? Puis, la tête d’une autruche surgit sans prévenir l’air de dire “je vous ai à l’œil !”. Les sons rythment le cours tranquille des images qu’il faut prendre le temps de savourer. Pas de dialogues humains. Sinon quelques mots incompréhensibles quand les gardiens soignent une hyène, scène drolatique où les cris des animaux se superposent à leurs voix, donnant à l’ensemble une ambiance digne de Mon Oncle (Tati - 1958). On y voit encore un troupeau de voitures, des humains singeant les chimpanzés, des lamas hautains, des ours placides… Si bien qu’à la fin, quand un éléphant s’éloigne de son pas tranquille, on a trouvé ces animaux aussi paisibles et silencieux que les humains bruyants et agités ! Ce sixième long-métrage de Denis Côté a été plébiscité dans les festivals du monde entier, de Berlin à Sundance via Toronto.