Camping du lac

Ce moyen-métrage, juste une heure, prend la forme d'un récit conduit par sa réalisatrice Éléonore Saintagnan qui se retrouve coincée dans un camping perdu au bord d'un lac en Bretagne suite à une panne de voiture. Même si la voix off sert de fil conducteur, nous sommes loin d'une confession, d'un autoportrait. Il s'agit ici à partir d'un prétexte d'explorer de nouvelles voies comme le conte ou la légende, le western et la chronique sociale. Le programme pourrait sembler chargé et ambitieux compte tenu de la modestie du dispositif s'il ne s'accompagnait du traitement pointilliste, à peine prononcé et toujours teinté d'humour léger, de la jeune réalisatrice. En quelques plans, elle croque une jolie galerie de portraits de quelques marginaux qui font le pari de la sobriété et de la frugalité, fascinés également par la légende du poisson monstrueux qui peuplerait les eaux du lac. La présence de deux éléments inattendus dans le décor du camping (un indien et un bison apportés par un américain installé là depuis vingt-cinq ans, féru de musique) donne à Camping du Lac son petit côté far west.
Le film fourmille d'idées, parvient en quelques secondes à faire un clin d'œil à Chantal Akerman, à nous parler de la nécessité du collectif et de l'urgence climatique sans jamais appuyer, avec juste de la nuance et de la délicatesse.
Camping du Lac constitue ainsi une pastille rafraîchissante et apaisante qui fait un bien fou. À prescrire de toute urgence.