Carré blanc

La productivité capitaliste a fini par triompher. Dans un monde déshumanisé, le petit Philippe perd sa mère, qui se suicide. Avant de passer à l’acte, cette employée d’usine le précise : il s’agit pour elle d’aguerrir son fils, qui doit devenir un être froid et monstrueux pour trouver sa place dans la société. Dans l’orphelinat où il est reçu, Philippe poursuit cette éducation implacable et connaît Marie, qui devient son épouse… vingt ans plus tard. Lui est désormais un cadre et suit tous les préceptes qui lui ont été enseigné. En effet, il applique les mêmes méthodes sadiques qui ont pu lui être infligées. Dégoutée par la monstruosité de son époux, Marie décide de se soulever contre le système.

Le premier long métrage de Jean-Baptiste Leonetti affiche une grande maturité. En effet, le réalisateur nous présente un ouvrage atypique et soigné. Il s’agit avant tout d’un film d’anticipation, qui dépeint les méfaits d’une société fondée sur les notions de réussite et de productivité. Pour faire ressortir la cruauté de l’univers où l’histoire se déroule, le cinéaste fait appel à la sobriété. Si l’action est violente, les procédés de tournage vont souvent dans le sens d’une distanciation. S’inspirant de l’Orange mécanique de Kubrick, Leonetti veut donner à réfléchir : selon lui, « l’image doit parler autant à la rétine qu’au cerveau ».