Dans la ville de Sylvia

Un jeune homme de séjour à Strasbourg tente de retrouver Sylvia, qu’il a rencontrée dans cette même ville il y a quatre ans. Il passe son temps à observer les visages des jeunes femmes assises à la terrasse du café du conservatoire d’art dramatique où Sylvia était élève et tente de retrouver dans chacun d’entre eux quelque chose de celle qui le hante. Il ne cesse aussi de dessiner ces femmes dans son carnet, de capter frénétiquement leurs traits, leurs poses, comme pour préciser sa recherche. Mais cette accumulation de visages, de silhouettes croqués ou mangés du regard semble davantage le perdre dans ses obsessions que le rattacher à la réalité. Persuadé d’avoir enfin trouvé sa Sylvia, le dessinateur amoureux suit une jeune femme dans les rues de Strasbourg. Celle-ci s’en aperçoit et tente de le semer.

A force de fixer intensément la réalité, de la scruter maladivement pour retrouver un visage, ce beau film rend progressivement fantastique la matière quasi documentaire qu’il travaille. En plus de Dans la ville de Sylvia, on pourra découvrir cette semaine un autre film de José Luis Guerin, En construction, tourné à Barcelone. Les deux films ont en commun de partir d’une ville, d’une matière urbaine et humaine en perpétuel mouvement, pour en faire émerger naturellement des fictions.