Dire l'indicible

L'indicible... "J'ai raconté un peu de mon passé, non pas pour que vous le connaissiez, mais pour que vous sachiez que jamais vous ne le connaîtrez". Ainsi s'exprime ce grand écrivain de langue française, Prix Nobel de la Paix 1986, vivant aux Etats-Unis. Avec pudeur, Judit Elek évoque la tragédie de l'adolescence d'Elie Wiesel. Elle le suit, caméra en main, de sa petite ville natale de Sighet, en Transylvanie, où vivait alors une large communauté juive, jusqu'à Auschwitz, Birkenau, Buchenwald. Terrible voyage effectué à nouveau cinquante ans plus tard par celui qui, entre avril 1944 et 1945, y perdit sa famille et ses amis. La très belle narration de Jean-Hughes Anglade, des documents d'archives, dont les personnages et les images hantent l'homme qui s'avance dans le silence de ces lieux maudits, ajoutent à l'émotion se dégageant du visage et du regard d'Elie Wiesel qui traduit, mieux que toute parole, l'horreur de l'holocauste.

"Jamais je n'oublierai...". Entretenir la mémoire... transmettre à nos enfants cette histoire", ajoute Judit Elek. Tel est le but de son film présenté au cours de la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 1996.