Heimat I – Chronique d’un rêve

En plein milieu du XIXe siècle, l’Allemagne apparaît comme un pays meurtri, notamment par les vexations décidées lors du Congrès de Vienne. La misère pèse lourdement sur les habitants et surtout sur les paysans affamés. La famille Simon, guidée par un père forgeron, rêve d’un avenir meilleur, loin du marasme germanique. Cet Eldorado, comme des dizaines de milliers de leurs concitoyens, c’est en Amérique du Sud qu’ils l’imaginent. Un monde lointain, terre d’aventures et de liberté. Mais ce rêve d’exil, devenu obsession pour le fils cadet, Jakob, risque bientôt de se briser.

Heimat I et II se présentent comme un prequel à la trilogie du même nom déjà réalisée par le réalisateur Edgar Reitz en 1984, 1992 et 2004. Tourné en noir et blanc, ce diptyque impressionne d’abord par la qualité esthétique des images et le réalisme poétique qui l’anime. Edgar Reitz peint avec brio l’âme de cette Allemagne bouleversée par les campagnes napoléoniennes, détruite par la guerre et secouée par les idéaux révolutionnaires. La tragédie de cette famille qui rêve de départ rappelle que l’Europe n’a pas échappé au mythe de l’émigration.