Heroico

Sous prétexte d'explorer les rapports étroits, équivoques et complexes entre l'identité mexicaine qui s'origine au moment de la conquête et la banalisation d'une incroyable violence exercée à tous les niveaux de la société, le réalisateur David Zonana livre un long-métrage qui ne fait guère dans la nuance tout en manifestant une certaine complaisance pour la violence qu'il est censé dénoncer et un choix également contestable d'une érotisation à la limite du fantasme de son sujet. Il s'agit ici de mettre en scène les agissements suspects qui ont lieu dans le Collège militaire héroïque des gradés et instructeurs envers les jeunes cadets pour lesquels l'intégration est d'abord une possibilité d'avenir pour s'en sortie, éventuellement aider une famille.
Le film se cristallise autour du personnage de Luis, garçon frêle et assez veule, que le cinéaste peine à faire exister, ou alors de manière trop tardive lorsque les effets d'une formation humiliante basée sur des valeurs militaires aussi rigides que tragiquement grotesques apparaissent chez le jeune militaire capable désormais d'envisager de tuer.
D'autre part, David Zonana ne tire pas beaucoup parti des bâtiments qui constituent le Collège. Leur magnificence tapageuse méritait une mise en scène plus fouillée, sinon radicale. On se perd ici dans les méandres de la réalité et des rêves ou cauchemars du jeune poulain.
Alors que l'institution militaire est la plus puissant du pays, donc la plus impunie et influente auprès des gouvernements en place, le public mexicain a largement plébiscité Heroico, avide d'explications et d'éclaircissements sur la dérive anarchique et violente de leur pays.

Un récit d'une intensité dramatique certaine mais hélas un peu décousu. On peine à suivre l'évolution du héros. A voir pour le choc culturel : les moeurs d'Amérique Latine manquant décidément de douceur... !