Je reviendrai comme un enfant

Dans l’Arctique canadien, les habitants d’Igloolik, un village descendant d’une société de chasseurs, nomment leurs enfants comme ceux des membres disparus de leur famille. Ainsi, ces derniers revivent à travers la jeunesse, de génération en génération. Le choix du prénom de l’enfant le prédispose à hériter des particularités d’un ancêtre, son sexe, son caractère, et à s’intégrer à cette communauté où les notions de passé, présent, naturel, surnaturel, féminin ou masculin sont intimement liées et indissociables. Par là même, les principes de deuil ou de perte n’existent pas et l’histoire d’un village demeure toujours présente à l’esprit des jeunes. Malgré la sédentarisation, la christianisation, le multiculturalisme, le témoignage d’Iqallijug, une femme inuit née au début du XXe siècle, dont l’histoire sert de base aux conversations du voyageur Nasri Sayegh avec ses descendants, continue de faire écho aujourd’hui à leur style de vie.

« Le film nous rappelle simplement que d’autres modèles de constructions sociales existent autour de nous. D’autres modèles de construction de l’individu, façonné par des identités complexes. » présente Christian Merlhiot (Le Procès d’Oscar Wilde) qui, pour sa sixième réalisation annihile les frontières communes du temps (passé-présent) et de l'identité sexuelle (homme-femme) pour présenter une société qui se nourrit d'elle-même.