Je veux voir

De passage à Beyrouth à l’occasion d’un tournage et d’un gala de charité, l’actrice Catherine Deneuve demande à ce qu’on l’emmène dans le sud du Liban, voir les dégâts causés par les bombardements de l’été 2006. Elle part donc en voiture, avec pour compagnon de route l’acteur Rabih Mroué, également son chauffeur. Ils sont suivis par les réalisateurs du film auquel elle participe (Hadjithomas et Joreige eux-mêmes). Au fil de leur voyage, alors que défilent sous leurs yeux les ruines d’un paysage dévasté, ils sont confrontés à une certaine impossibilité de mesurer, de « rencontrer » les événements qui ont eu lieu. Certes, le chaos est visible – on traverse des villages totalement détruits - et éprouvé au détour de routes dangereuses, mais la réalité se présente partiellement, tel un iceberg dont on ne voit que la partie immergée.

Lorsqu’une nouvelle guerre éclate au Liban en juillet 2006, Joreige et Hadjithomas, alors en France, souffrent de se retrouver à distance des événements. Les cinéastes plasticiens libanais essaieront de s’approprier cette réalité à travers ce film et le regard de l’actrice Catherine Deneuve. Celle-ci, impressionnante de sensibilité et d’intelligence, joue ici son propre rôle aux côtés de l’émouvant Rabih Mroué, fidèle collaborateur des réalisateurs. À mi-chemin entre la fiction et le documentaire, Je veux voir dresse un constat d’impuissance bouleversant, porté par un beau regard humaniste.