La Danza de la Realidad

Né d’une famille juive émigrée d’Europe Centrale, Alejandro Jodorowsky grandit dans Tocopilla, petite ville chilienne, entouré de clowns et autres mineurs ou soldats mutilés par la dynamite utilisée dans les mines. Il y découvre l’antisémitisme et la violence sociale, balloté entre l’éducation drastique de son père Jaime, militant stalinien… et l’amour “œdipien” de sa mère Sara, mercière qui se rêve cantatrice et voit en lui son propre père mort en luttant contre le tsar. Un jour qu’il a échoué à secourir des “pestiférés” locaux réclamant de l’eau, Jaime, le père, décide de monter à Santiago assassiner le dictateur et Général Ibanez, à la tête du pays. Il entame alors un vrai chemin de Damas. De rencontres insolites en martyres, il va ainsi devenir lui-même et trouver le bonheur avec les siens…

“Pour moi ce film est comme une bombe atomique” explique judicieusement Alejandro Jodorowsky pour son 7e film, tourné avec trois de ses fils et dans le village de son enfance. Son univers provocateur et surréaliste dont il reste un des maîtres avec ses amis Topor (décédé en 1997) et Arrabal, illumine cette autobiographie où chaque image explose d’originalité, où l’humour est ravageur et où l’humanisme teinté de spiritualité côtoie ici le Pasolini de L’Évangile selon St Matthieu (1964).