La Fabrique du mensonge

Film brouillon, sans trame cohérente, une succession d’archives mal intégrées… on n’y comprend rien, on n’apprend rien, mais on est agressé par des vociférations permanentes. Bref, j'ai détesté

Film réalisé en forme de « mea-culpa » par le réalisateur allemand Joachim Lang au nom du peuple allemand qui s’est si facilement laissé manipuler et aveuglé par le directeur de propagande d’Adolf Hitler à la fin des années 30’. Problème : les acteurs choisis ressemblent physiquement tellement peu aux personnages originaux historiques qu’on accroche d’autant moins que leur jeu est franchement faible. Bref : le film est décevant.

Un film caricatural, bien pensant qui ne nous apporte pas grand chose sur la propagande nazie ni sur le personnage de Goebbels. Ni documentaire (beaucoup d'extraits semblent neufs car traficotés, recadrés... ni portrait). A dessiner la "vérité" à gros traits de pinceaux et lourds stéréotypes, on se donne bonne conscience, mais c'est le cinéma qui souffre. A éviter !

Malgré son côté pédagogique et sa réalisation qui manque de puissance, ce film reste passionnant dans le rôle de la propagande des idéologies et des dogmes. L'acteur qui joue Goebbels est époustouflant.

Œuvre au format et à l'intention difficiles à définir. Ni documentaire, même si elle comprend des extraits authentiquement documentés, ni totalement fiction dans la mesure où tous les personnages interprétés ont existé. Ambigüité qui justifie sans doute que le film soit encadré d'un avertissement et d'un épilogue.

Le chronodatage inséré au fil de l'eau vient également remettre un peu de distance avec la matière historique. Mais une impression malaisante s'installe malgré tout. À l'inverse de la réalité, dans une œuvre littéraire -le scénario en étant une forme- la fiction finit par l'emporter. Et lorsqu'il s'agit de traiter d'une réalité historique, celle de criminels aux millions de victimes, cela peut peut être périlleux.

La quête de "vérité" érigée par le réalisateur, si elle est avérée, pose donc question. Car humaniser la cruauté de tels criminels à travers le filtre de la fiction n'est sans doute pas un résultat désirable. L'entrecroisement ambitionné des parcours personnels des criminels et de la mise en place de la mécanique morbide est trop confuse pour convaincre.

Pour moi l'intérêt du film réside, comme l'annonce le titre, dans les techniques d'endoctrinement des individus et de mise en scène d'un récit national. Ceux-ci font terriblement écho à ce que l'on vit aujourd'hui avec d'autres médias, d'autres criminels et d'autres victimes (quoique). Avec la même volonté jusqu'au-boutiste de parvenir et de se maintenir au pouvoir, et d'avilir ses congénères par tous les moyens possibles de persuasion et de manipulation.

Film sans doute salutaire mais qui met parfois mal à l’aise comme si l’auteur se délectait un peu de ce qu’il montre. Ce film porte la marque de la nationalité de son auteur. Il peut faire penser à un autre film allemand récent « la conférence » mais en moins subtil. On pourrait ajouter que la démesure du personnage principal en viendrait presque à faire passer Hitler comme plus humain. La relation avec sa femme est particulièrement atroce.