La Femme du ferrailleur

“C’est la volonté de Dieu que les pauvres aient la vie dure”, lance, découragé, Nazif, ferrailleur vivotant dans un petit village rom de Bosnie, avec sa femme Senada, leur deux petites filles Sandra et Semsa et ses voisins Kasim et Refik. Comme pour lui donner raison, Senada est un jour prise de maux d’estomac et de saignements. Il l’emmène à l’hôpital. Le diagnostic est terrible : le bébé qu’elle porte est mort, il faut l’opérer d’urgence. Hélas, le coût de l’opération, 980 marks, s'avère hors de portée pour Nazif et Senada. Et comme ils n’ont pas de couverture sociale, le directeur de la clinique refuse d’intervenir. Sa femme allant de plus en plus mal, Nazif entame donc une course effrénée pour la sauver, accumulant, de façon dérisoire, ce qu’il trouve de ferraille à vendre et interpelant les institutions sociales…

Pour son quatrième long-métrage, revendiquant sans pathos le droit à la dignité, Danis Tanovic a mis toute son expérience de reporter de guerre et de documentariste afin de faire revivre ce fait-divers aussi bouleversant que révoltant survenu en 2011. Les acteurs sont les protagonistes mêmes de ce qui aurait pu s’achever tragiquement. Seul le médecin ayant refusé d’opérer n’a pas souhaité participer à ce film.