La Garce

Rosa Moline est l'épouse d'un médecin de campagne à Lozalton, petite ville industrielle du Michigan où il ne se passe jamais rien ou presque. Rosa s'ennuie à en mourir. Elle ne supporte plus sa vie et passe son temps à fumer, couchée sur la balancelle de sa véranda, accablée par la chaleur. Elle est la maîtresse de Neil Latimer qui vit à Chicago mais possède une luxueuse villa en bordure du lac. Niel est jeune, beau et riche. Rosa le harcèle et il promet de l'épouser. Lorsque le meilleur ami de son mari découvre que Rosa va quitter le domicile conjugal, celle-ci n'hésite pas à le supprimer. Comme elle n'a aucun scrupule à tout révéler à son époux avant de se jeter dans un précipice afin de perdre l'enfant qu'elle porte et dont elle ne veut pas…

Ce film est le dernier que Bette Davis tourna avec la Warner Bross. "The queen of the Warner Lot" a révélé un talent particulier pour les rôles de femmes venimeuses. En 1950, elle tournera Eve de Mankiewicz, puis en 1962 et 65 Qu'est-il arrivé à Baby Jane et Chut, chut, chère Charlotte (Aldrich). Pour King Vidor, la femme représente souvent la racine du mal. Ici, Rosa est une sorte d'Emma Bovary qui végète et s'étiole, et voit en la personne de Neil la possibilité d'échapper à son destin. Le noir et blanc est magnifique, balayé par la fumée du train qui relie le monde de Rosa à celui, idéalisé, de Chicago. L'univers de Rosa se couvre de la poussière produite par les énormes cheminées de l'usine toute proche, comme un volcan prêt à tout engloutir.