La Mujer sin piano

Tout concourt à faire de Rosa un personnage banal. En effet, cette femme au foyer semble tirer son bonheur des tâches domestiques les plus simples : un repas servi à horaires très réguliers, une maison bien rangée… À l'approche de la cinquantaine, elle se contente d’être une épouse dévouée, qui s’occupe de sa famille sans rechigner. Son contact avec le monde extérieur s'en voit rompu, aucune relation sociale n’égaye son quotidien. Bientôt ménopausée, Rosa a également perdu l’envie de se faire belle. Un soir, elle décide de fuir sa routine insipide… De nuit, elle découvrira un monde irréel et fantastique.

Récompensé aux festivals de Toulouse et de San Sebastian, le deuxième long-métrage de Javier Rebollo confirme son statut de réalisateur prometteur. En effet, le cinéaste espagnol avait attiré l’attention de la critique avec Ce que je sais de Lola, nommé aux Goya dans la catégorie Meilleur Premier Film, en 2006. Rebollo nous livre ici le portrait d’une femme au foyer qui a perdu le goût de la vie. Certains verront dans La Mujer sin piano une critique sociale. Pourtant, c’est davantage l’intimité de Rosa qui se trouve passée au crible. Le travail effectué avec la bande son semble confirmer cette hypothèse : l’environnement sonore semble hostile et contribue à isoler le personnage.