La Terre éphémère

Chaque année, après les crues d’hiver, le fleuve Inguri, frontière naturelle entre la Géorgie et l’Abkhazie, donne naissance à des îles éphémères. Fidèle aux traditions ancestrales, un vieux paysan abkhaze vient construire une cabane sur l'un de ces îlots puis semer et récolter du maïs avant sa submersion automnale. Il est aidé de sa petite-fille dont il assure l’éducation depuis la mort des parents. Dénués de tout confort et appareil moderne, se nourrissant de poissons pêchés sur place, ils vivent en étroite relation avec la nature, à peine dérangés par les rondes des garde-frontières abkhazes, russes et géorgiens. Mais la jeune fille a grandi. Et alors qu’elle sent frémir ses premiers émois de femme devant les militaires en patrouille, son grand-père trouve au milieu du maïs un soldat géorgien blessé par balles…

Pour son quatrième film, Georges Ovashvili signe une fable initiatique et humaniste profonde et intense de la veine de Dersou Ouzala (Kurosawa – 1975). Sur des images splendides, usant de sons " naturels " et de dialogues a minima, il aborde sur un rythme envoûtant le cycle vivre, transmettre et mourir soumis à l’immuabilité du temps qui passe. Clins d’œil, l’île " éphémère " du film a dû être construite de toute pièce puis détruite, et la présence de 13 nationalités sur le plateau renforce le caractère universel de cette œuvre magnifique (1975). Globe de Cristal à Karlovy Vary (Tchéquie – 2014).