La Vida útil

Jorge vit dans une bulle… Toujours installé chez ses parents, cet employé de la Cinémathèque Uruguayenne est chargé de programmer les projections et conduit une émission de radio sur le Septième art. Depuis 25 ans, il vit donc pour le cinéma, partageant son quotidien et sa passion avec les rares habitués de la salle Lugones. Mais à l’heure où les avant-gardistes ne font plus rêver grand monde, l’institution se voit subitement confrontée aux nouveaux impératifs du marché culturel et perd ses soutiens financiers, faute de pouvoir les rentabiliser. Autant dire que Jorge n’est pas seulement en train de perdre son emploi : ce sont, en effet, son quotidien et son existence qui se trouvent tout à coup bousculés par le déclin de la cinémathèque…

Récompensé par des prix prestigieux, tels que ceux de La Havane ou Buenos Aires, le nouveau long métrage de Federico Veiroj se présente comme un véritable hommage au Septième art. Tout comme l’Argentin Lisandro Alonso qui nous présentait dans Fantasma (2006) des personnages prisonniers d’un autre univers, Veiroj joue sur le décalage entre la « cinéphilie » et les dynamiques actuelles du marché culturel. À noter que l’équipe du film parle en toute connaissance de cause : ayant lui-même travaillé à la Cinémathèque, le réalisateur a attribué le rôle du protagoniste à Jorge Jellinek, un critique uruguayen naguère chargé de la programmation de la salle.