La Vie de Jésus

À Bailleul, dans le département du Nord, Freddy, sujet à des crises d'épilepsie, vit aux crochets de sa mère, tenancière d'un café, Au Petit Casino. Chômeur, comme tant d'autres, l'adolescent partage son temps entre sa petite amie Marie et ses copains, Michou, Gégé, Robert et Quinquin. Désoeuvrés, les cinq garçons trompent leur ennui en sillonnant à mobylette la campagne environnante. Sur cette lancée, ils iront jusqu'à affronter, aux limites du possible, une 205 GTI venant au devant d'eux. Suit une virée à Dunkerque au volant d'une voiture que Freddy conduit sans permis. L'ennui, toujours, les amène, un soir de fête, à se rendre coupables d'un viol. Les rapports entre Freddy et Marie s'en trouvent altérés au point que la jeune fille se rapproche d'un Maghrébin, Kader, dont elle évitait les avances auparavant. Freddy n'a plus qu'un but désormais : se venger de l'Arabe...

Une réussite que l'on peut qualifier d'exceptionnelle pour un premier long métrage. Sorte d'Equipée sauvage dans le cadre désespérément morne d'une cité du Nord, le film de Bruno Dumont, sans céder à aucune concession, atteint aux limites du réalisme dans la peinture des adolescents englués dans leur désoeuvrement quotidien. De même, l'ambiance du drame - ces alignements de maisons de brique rouge, ces horizons de champs de terre grasse - se révèle d'une prenante authenticité. Interprété par des non-professionnels à l'unisson de cette véracité, La vie de Jésus, Prix Jean Vigo 1997, a justement participé au 50e Festival de Cannes dans la section Cinémas en France et reçu la Mention Spéciale du Jury de la Caméra d'Or.