Le Chant des oiseaux

Traversant mers, déserts et montagnes, les trois rois mages partent à la rencontre du nouveau-né Jésus. Tandis que les vieillards débonnaires endurent bains de mer et siestes peu confortables, Marie et Joseph attendent et passent leurs premiers jours de saints en compagnie du fils de Dieu, ainsi que d’un adorable agneau... Surviennent encore quelques petits évènements et moult phénomènes lumineux tout à l’esthétique du film.

À partir d’un contenu fictionnel réduit et marqué, Albert Serra (Honor de Cavalleria) bascule magnifiquement dans les limites de l’absurde et de l’abstrait : les nuages jouent au diaphragme, tandis que les personnages et les dialogues « jouent au paysage », sans perspective ni volume. Vidant la pellicule de ses impératifs dramatiques, le réalisateur la sature de lumière naturelle : dans ce travail d’une plasticité affirmée, une rarissime palette de gris prend place. Au rythme d’un montage contrasté, il fait du cinéma un véritable phénomène optique. Sélectionné à la dernière Quinzaine des Réalisateurs, ce long métrage est l’œuvre d’un maître du genre !