Le Noir (te) vous va si bien

“Je n’aurais jamais dû quitter le pays ; si c’était à recommencer, je ferais autrement” confie d’entrée Moncef, le père, meurtri. Homme honnête et aimant, nostalgique de ses racines, il tient une petite épicerie entouré de Maléké, sa femme, Rachid, son fils et Cobra, sa fille, qu’il envisage secrètement de marier “à quelqu’un du pays”. Cobra, qui, comme sa mère, veut épouser un homme qu’elle choisira, a pour amie Anaïs, une fille “libérée”. Celle-ci la pousse à accepter les avances de Serge, leur jeune boss. Cobra refuse : elle vit son premier amour avec Richard, le patron du café où elle troque chaque jour sa tenue noire et stricte pour des habits libérant son corps et ses cheveux. Alors qu’elle s’apprête à présenter Richard à ses parents, un ami de son père les surprend à leur insu…

Comment concilier les antagonismes opposant les générations, les cultures, les hommes et les femmes, le silence et la parole… telle est la question incandescente et terriblement actuelle que pose, sur fonds chauds et rouges ou froids et bleus, Jacques Bral, lui-même imprégné de double culture puisqu’originaire d’Iran, dans son 6e long-métrage. Avec subtilité et sans jamais juger, il observe, à travers la légitimité de tous les points de vue, l’inéluctable montée de la tragédie.