Le Paradis

Le réalisateur Zeno Graton nous explique la genèse de son premier long-métrage : 

« J’ai des origines tunisiennes d’un côté et belges de l’autre et j’ai grandi à Bruxelles. A l’adolescence j’ai vu mon
cousin passer par ces centres. Cela m’a fait me poser beaucoup de questions parce que cela aurait pu m’arriver
aussi. Même si j’ai un passing qu’on dit white, que cela ne se voit pas que je suis Tunisien, j’ai assisté à ce
déploiement d’un racisme institutionnel. Mon cousin a été incarcéré pour des faits mineurs et j’ai vu le mépris de la
société envers ces jeunes judiciarisés et l’impasse systémique dans laquelle ils tombent et qui les mènent souvent
en prison ou à la rue. J’ai développé un regard critique sur ces institutions qui sont invisibilisées, en essayant d’y
poser un regard qui ne serait pas manichéen.

Il y avait aussi et surtout l’envie de raconter une histoire d’amour entre deux ados comme j’aurais aimé en voir à cet
âge-là. Même si depuis le début de mon écriture le paysage sociétal a pas mal changé, il y a toujours eu au cœur
du projet le désir que le sentiment amoureux soit désinhibé. À 32 ans, je suis éloigné d’une grosse dizaine d’années
de cette jeunesse qui ne s’excuse plus, qui est fluide, puissante et j’avais vraiment besoin de placer le film à leur
hauteur, pas un centimètre en-dessous. »