Le Syndrome du Titanic

D’abord il y a la vie : le miracle de cette rencontre d’atomes qui constitue l’origine cosmique de l’Homme comme de la Nature. Puis il y a ce que les populations ont fait de leurs territoires, poussées par des mécanismes qui, aujourd’hui, s’essoufflent par leurs monstruosités. La caméra parcourt les quatre coins du globe : Tokyo, Lagos, Los Angeles, Sao Paulo, Shanghai, Le Caire… et dans notre regard s’impriment les absurdités de l’organisation humaine. Le flot calme mais volontaire des paroles conscientes de Nicolas Hulot accompagne des visions souvent extraordinaires. Qui des « hommes cages » chinois vivant dans 2m² bordés de grillage ou de cette dame qui habite depuis 22 ans dans sa voiture nous raconte le mieux la catastrophe actuelle ? Le film est fait de contrastes saisissants entre opulence et misère. Ne serait-ce que sur le sol américain, le grand écart est périlleux entre le temple de la consommation (le "Mall of America") et les "Homeless". Ce mélange disproportionné de tout compulsif et de rien famélique façonne les images fortes de ce docu-manifeste.

Nicolas Hulot, après avoir mis en lumière les richesses naturelles, nous montre à présent l’enfer d’un progrès vicieux. Ce n’est plus tant de beaux paysages qu’une plongée dans l’urbanisation, cœur de l’activité humaine, que le journaliste choisit d’étudier comme preuve de la « crise humanitaire ». Crise climatique, économique, alimentaire et écologique : tout se combine pour précipiter la perte de notre civilisation, tandis que nous continuons de danser tels les passagers du Titanic pendant le naufrage. Grâce à Jean-Albert Lièvre et à son travail génial de photographie, ce documentaire bouleverse les consciences et imprime son message sur nos rétines.