Le Temps qu'il reste

Par une nuit d’orage, un homme prénommé Elia se remémore l’histoire de sa famille dans le taxi – momentanément à l’arrêt - qui le conduit à sa ville natale, Nazareth. Son père, Fuad Suleiman, fait partie des palestiniens qui résistèrent puis restèrent dans la ville au moment de la naissance de l’État israélien et de l’arrivée de son armée en juillet 1948. Il appartient à cette partie de la population qui ont été étiquetés "Arabes-Israéliens". Quelques années plus tard, dans les années 60, la vie de famille des Suleiman est marquée par la répétition d’habitudes auxquelles on s’accroche de manière aveugle et mécanique, révélatrices d’une mélancolie rentrée.

Présenté en compétition officielle lors du dernier festival de Cannes, Le Temps qu’il reste dresse un émouvant et pudique portrait de famille, très autobiographique. Elia Suleiman observe avec finesse et précision le rapport de ses proches au quotidien, à l’espace, au mouvement, rapport que l’on devine conditionné par leur histoire. À travers des scènes absurdes et des compositions très géométriques (comme dans les films de Buster Keaton), il allie humour et gravité avec un raffinement rare et livre une peinture subtile de cette catégorie de la population appelée arabe-israélienne.