Les Éternels

Les promesses d'un blockbuster ambitieux

Fraîchement oscarisée pour Nomadland, la réalisatrice et scénariste chinoise Chloé Zhao prend les rênes de la nouvelle superproduction des studios Marvel. Étonnante sur le papier, cette rencontre annoncerait-elle un vent de fraîcheur pour les blockbusters super-héroïques ?

Voilà plus de 12 ans que l'écurie Marvel et la Walt Disney Company propulsent leurs super-héros en tête du box-office mondial. Et ceci, avec une abondance qui pourrait laisser craindre une certaine lassitude. Mais si la machine continue de déjouer les pronostics pessimistes, c'est parce qu'elle redouble de stratégies (marketing). Kevin Feige, président de Marvel Studios, l'a bien compris : la franchise doit vivre avec son temps. Depuis plusieurs années déjà, les productions tendent à mettre en avant des minorités, qu'elles soient de genre (Captain Marvel, Loki) ou ethniques (Black Panther, Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux). Mais la diversité doit également s'opérer derrière la caméra. À ce titre, Les Éternels cristallise un enjeu de taille : apposer une vision d'auteur au traditionnel cahier des charges, jusqu'ici taillé à l'emporte-pièce. L'élément clé de cette nouvelle ambition ? Chloé Zhao.

Le cinéma indépendant à la rescousse des super-héros ?

C'est en 2018 que la réalisatrice est approchée pour défendre le 26ème film de l'univers cinématographique Marvel (et le troisième de la phase IV). Sur le papier, le long métrage devra introduire une nouvelle race humanoïde immortelle : les fameux Éternels, personnages originellement créés par Jack Kirby. Si le projet annonce d'autres possibles narratifs, c'est en réalité sur Chloé Zhao que tous les regards se portent. Repérée pour ses précédents films, The Rider et Les chansons que mes frères m’ont apprises, la réalisatrice s'est imposée comme une des valeurs sûres du cinéma indépendant. Dire que le couronnement critique de Nomadland ne fait qu'attiser l'attente – doublée d'un espoir pour le genre tout entier – relève du doux euphémisme. D'autant plus que la cinéaste peut compter sur des têtes d'affiche : Angelina Jolie, Salma Hayek, Richard Madden, ou encore, Ma Dong-Seok. Subsistent alors quelques interrogations légitimes : dans quelle mesure la cinéaste a-t-elle joui d'une liberté d'écriture et de mise en scène ? Ou a-t-elle dû, à l'instar de certains de ses prédécesseurs, Joss Whedon ou Taika Waititi pour ne citer qu’eux, trahir sa vision personnelle au profit des exigences habituelles des producteurs ? Réponse en salle.