Lino

Au lendemain de la mort de sa mère, un garçon de deux ans n’a d’autre repère que le dernier compagnon de celle-ci. Cet homme débonnaire l’a nourri et élevé, mais souhaite rendre ses responsabilités au vrai père, ou alors à la famille de cette jeune junkie, morte de manière prématurée. Fouillant dans les affaires de sa compagne, l’homme trouve un revolver. L’arme à la main, le gamin sous le bras, il part à la recherche des anciens amants de la défunte. Au fil des rencontres, il dévoile de nouvelles facettes de cette femme disparue. Lino, avec sa démarche de pingouin et sa parole balbutiante, ne comprend pourtant pas pourquoi il ne peut plus appeler son père « papa ».

Dans ce deuxième long métrage, le scénariste Jean-Louis Milesi épouse plusieurs fonctions. Le scénario qu’il nous livre est raffiné : se donnant pour sujet son véritable fils, il semble poser d’emblée une intimité tout à fait fructueuse. Dans le rôle du « père », il nous offre une interprétation étonnante, naturelle, économe. Bien que la caméra semble parfois un peu trop indicative (éventuel défaut de scénariste), Lino met en place un dispositif cinématographique original et émouvant : pour saisir le développement de son enfant, Jean-Louis Milesi a voulu nous présenter une fiction qui le mettrait au centre de l’image. Déambulant dans les différents espaces scéniques, le gamin pose certes des limites (il faut « jouer avec »), mais semble totalement à son aise, et nous donne une ravissante « interprétation de lui-même ».