L'Intervallo

“Pourquoi quand on ouvre leur cage, certains oiseaux refusent-ils de s’envoler ?” s’interroge Salvatore (17 ans) au début du film. Fils d’un vendeur ambulant de granité et orphelin de mère, il est contraint par Bernardino, petit capo local de la Camora (Mafia napolitaine), de surveiller Véronica (15 ans) dans un bâtiment abandonné, sans savoir ce qu’elle a fait. Bien que s’étant déjà vus dans le quartier, la méfiance préside entre le garçon timide et mal dans sa peau et la jeune fille effrontée jusqu’à la provocation. Mais quand elle comprend qu’il est “hors du coup” et risque sa vie si elle s’échappe, Véronica s’adoucit, allant jusqu’à lui confier la raison de son “emprisonnement” : elle sort avec un garçon appartenant à un clan ennemi de celui de Bernardino…

Tourné dans un vieil hôpital désaffecté avec deux non-professionnels et un esprit documentaire, L’Intervallo (l’entracte), deuxième long-métrage de di Constanzo, dénonce avec une quiétude trompeuse la terrifiante et confondante “normalité” de la pression mafieuse à Naples. La violence rôde, imposant à tous soumission et résignation. Reconnu d’intérêt culturel en Italie, multisélectionné, L’Intervallo a notamment reçu les Prix Fipresci, Francisco Pasinetti, Cicit-Unesco, Fedic, Lanterna Magica et AIF à la biennale de Venise (2012) ainsi que celui du Meilleur Film au festival Lisbon & Estoril (2012).