L'Oncle de Brooklyn

À Palerme, Don Masino recrute un chanteur vaudouisé par sa mère pour une fête et un tueur à gage zoophile pour éliminer deux nains, chefs mafieux rivaux, qui ont plastiqué la voiture de son fils. Lesdits nains confient, eux, à Toto, affublé d’un fils pétomane obsédé sexuel et d’un neveu simplet et hémiplégique, un mystérieux oncle de Brooklyn insomniaque, mutique et anorexique. Défiant toute narration, ces deux récits vont s’interpénétrer sur fond de cercueils et d’arrivée en gare façon western US ou italien, d’un facteur traversant les séquences pour retrouver son vélo volé et d’intervenants commentant le film comme dans Hellzapoppin (1941), de femmes jouées par des hommes style Monty Python, de flatulences manière Mel Brooks ou Pasolini, de processions à la Buñuel, de truands qu’auraient reniés Coppola ou Scorsese, d’un Elvis sicilien ressuscité et d’une fin digne du 8 1/2 de Fellini (1963).

Ce premier des trois films tournés par Cipri (Mon père va me tuer - 2012) et Maresco détourne tous les codes pour dessiner le portrait cruel, ironique et désespéré des “richesses de la Sicile”. “Loin des lieux communs”, un Dionysos souterrain, des Bacchantes et un chœur antique décalés, une scatologie au service du rire venue des théâtres comiques latin (Plaute) et grec (Aristophane)… saluent avec truculence l’héritage antique de la Sicile.