Louis Lumière

Eric Rohmer interroge les deux hommes, et de son propre aveu se fait l'avocat du diable : n'importe qui, au fond, n'aurait-il pu tourner ces petits films ? Des chevaux trottent, des passants passent, des boulistes jouent au boules, quoi de plus banal ? Longuement, rivalisant d'imagination et de précision dans l'analyse, le fondateur de la Cinémathèque française et le réalisateur de «La Grande Illusion» démontent une à une les provocations de leur interviewer, s'attachant à démontrer le génie de cette oeuvre, comparable selon Renoir à celle du Douanier Rousseau : «Dans les deux cas, explique-t-il, on trouve un désir très sincère de copier la réalité, mais avec un résultat ouvrant sur un monde personnel et plein de fantaisie». Refusant également de ne voir en Lumière qu'un simple documentariste, Langlois loue la capacité des opérateurs à «glisser un très grand nombre de types de plans différents en quelques secondes de film, alors même que la caméra reste fixe».