Mataharis

Eva, Inès et Carmen travaillent dans une agence de détectives privés mais ne correspondent en rien aux clichés cinématographiques qui collent inévitablement à cette fonction. Pas d’imper beige au col remonté, pas de chapeau rabaissé sur le front, ni de cigarettes allumées dans des ruelles obscures. Les risques pris par nos détectives sont plutôt minimaux puisqu’il s’agit les trois quart du temps pour elles d’enquêter sur des histoires d’adultères. On suit le quotidien de trois femmes ordinaires qui tentent de composer comme elles le peuvent entre un job plus routinier qu’on ne l’imagine et une vie conjugale pas facile à mener quand c’est la vie privée des personnes filées qui prend le dessus. Tributaire des histoires des autres et dépendantes d’horaires aléatoires, nos trois drôles de dames peinent à s’épanouir dans leur vie amoureuse.

La réalisatrice espagnole Iciar Bollain (récompensée du Goya du meilleur film et du meilleur réalisateur pour son précédent film, Ne dis rien) revisite ici le genre du polar en lui donnant une dimension plus réaliste et sociale. Au fond, le film se questionne davantage sur la difficile conciliation pour les femmes de leur vie professionnelle avec leur vie privée, que sur la nature même du travail de détective.