Mille soleils

Promenant son troupeau de zébus dans une Dakar bruissante de mécontentement social, Magaye Niang apprend que va être projeté Touki-bouki, un drame tourné en 1972 où il tenait le rôle principal avec Anta, son amour à la ville comme à l’écran. Or, dans l’un comme dans l’autre, il n’a pas eu le courage de la suivre quand elle a pris le bateau pour la France. Avec ses amis Wasis, Ben et Joe, il décide d’assister à la séance. Mais là encore il recule au dernier moment. Ben lui donne le numéro de téléphone d’Anta. Tenté de savoir ce qu’elle est devenue durant ces 40 ans, Magaye l’appelle. Elle lui apprend qu’elle est vigile sur une plateforme pétrolière en Alaska. Il lui assure que cette fois, il ne la lâchera plus…

Mati Diop rend un émouvant hommage à son oncle Djibril Diop Mambety (mort à Paris à 53 ans, en 1998) dont le film Touki-bouki, Bonnie and Clyde sénégalais, connut le succès dans les années 70. Outre l’héritage qu’il a laissé, elle pose, d’un ton faussement flâneur, les questions universelles du départ, du sens de la vie, des occasions perdues… laissant Magaye conclure, désillusionné : "Tu n’as pas de pays jusqu’à ce que tu partes. Mais quand tu es arrivé, tu ne repars jamais". Grand prix du Festival international du documentaire de Marseille.