Morceaux de conversations avec Jean-Luc Godard

Avril 2006. Jean-Luc Godard présente, au Centre Georges Pompidou, une exposition audacieuse et controversée. Suivant ce réalisateur tout au long de son processus de création multiformes, Alain Fleischer enregistre des rencontres avec des interlocuteurs de choix : des spécialistes de l’ampleur d’un Labarthe ou d’un Narboni se présentent successivement, pour confronter leurs idées à celles du plus grand inventeur de la Nouvelle Vague. Entre sa maison à Rolle (Suisse), le célèbre musée parisien et le Fresnoy-Studio National, des dialogues parfois amers dévoilent les horizons actuels de sa pensée : Godard a toujours son mot à dire sur des sujets qui vont de la politique au cinéma – en passant par la philosophie, les méthodes de création, ou encore les formes d’art contemporain.

Cigare sur cigare, un Jean-Luc Godard à la voix tremblante nous livre des opinions conceptuellement radicales (parfois trop définitoires), mais aussi des visions du monde d’une pertinence que le temps ne tarit pas. Avec ceci de déterminant néanmoins : la fabrication de l’œuvre d’art y est sans cesse interrogée et mise en avant, dans un processus de création qui figure déjà parmi les plus décisifs du siècle. C’est donc un réalisateur abusé par le temps (parfois malgré lui) que l’on voit à l’oeuvre, s’interrogeant sur ce qu’il appelle « les droits et les devoirs de l’image ». Dans une conversation avec cet interlocuteur privilégié qu’est Jean Narboni, Godard lâche cette perle : « J’ai envie de parler de ce dont je ne sais pas parler ». Ses recherches restent donc passionnantes.