Mr. Turner

Membre de la Royal Academy of Arts depuis ses 25 ans, reconnu autant que raillé, père et ancien amant odieux, Joseph Mallord William Turner (1775-1851) aborde le crépuscule de sa vie entouré de son père William, qui l’encouragea à peindre depuis son plus jeune âge et lui sert aujourd’hui d’assistant, de sa fidèle et aimante gouvernante Hannah, nièce de son ancienne maîtresse, de ses confrères et de ses mécènes. Alors que la photo, le train, la physique… apparaissent et transforment le siècle, il continue d’enchaîner tableaux et aquarelles, traquant la lumière du « Dieu » soleil. Quand son père meurt, il se renferme, laissant son caractère égoïste, rustre voire grossier prendre le dessus. Lors d’une escapade à Margate, petit port du Kent où, adolescent, il avait suivi ses études, il rencontre Mme Booth, propriétaire d’une pension de famille…

Comme Foreman avec son Amadeus (1984), Mike Leigh, pour son douzième film, confronte, voire oppose, le génie créateur à la personnalité qui le porte et à son époque. À la fois généreux et rustre, ouvert et jaloux, délicat et grossier, Turner n’eut de cesse de peindre la lumière jusqu’à préfigurer l’impressionnisme. Les images du film sont à l’aune de ses tableaux : on aimerait les arracher à l’écran, les encadrer et les suspendre aux murs. Prix d’interprétation masculine (Cannes – 2014).