Munyurangabo

Suite à un vol sur le marché de Kigali, deux amis quittent la ville et partent à la recherche de leurs racines. Munyurangabo veut venger la mort de ses parents – dont il connaît à peine les visages – et Sangwa veut revoir la maison des siens. Quelques années après le génocide rwandais, les plaies n’ont pourtant pas cicatrisé, et l’histoire des deux jeunes hommes reste largement tributaire des atrocités qui ont été perpétrées. Toujours très marqués par ces rivalités, les parents de Sangwa condamnent son ami tutsi, et le séjour de quelques heures se prolonge sur plusieurs journées… Face aux arguments identitaires, cette amitié interethnique se trouvera tristement mise à l’épreuve.

Première grande réalisation de Lee Isaac Chung, Munyurangabo est également le premier long métrage tourné en langue Kyniarwanda. Allié à un casting d’autochtones, ce choix permet au réalisateur de saisir avec justesse la complexité des rapports ethniques. Multipliant les plans fixes et les lents déplacements de caméra, Chung signale le décalage entre l’intimité de l’amitié et l’impériosité de l’arrière-fond historique, auquel la parole elle-même est incapable de remédier. Sélectionné pour le prix « Un certain regard » (Cannes 2007), le long métrage participe à un projet plus vaste : né suite à des cours de réalisation dans un camp humanitaire, son succès a permis au réalisateur d’ouvrir une école de cinéma et un centre de production à Kigali.