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Le mythe d’Œdipe a inspiré à la réalisatrice allemande Angela Schanelec ce long-métrage, sujet qui l'intéresse depuis qu'elle a vu au théâtre Œdipe roi de Sophocle, dans la traduction de Hölderlin et mis en scène par Jürgen Gosch. Elle explique :

« Certaines questions hantent ma vie, et mes films, des questions auxquelles je n’ai pas de réponse. Elles touchent à la famille, aux relations familiales, mais elles concernent aussi le destin ou simplement les hasards de la vie qui nous déterminent et auxquels il faut se plier. Le mythe d’Œdipe contient toutes ces questions, mais aussi les souffrances qu’elles recèlent. »

Néanmoins, Angela Schanelec rompt radicalement avec le mythe classique. En effet, Œdipe, alias Jon, ne sait rien ni sur ses origines ni sur sa culpabilité :

« Cette idée s’est imposée au fil de l’écriture. Je suis certes partie de Sophocle, mais les personnages qui sont nés en écrivant le scénario sont, comme dans mes autres films, des êtres humains, pas des figures mythiques. J’épargne à Jon toute l’étendue de ses crimes pour qu’il n’ait pas à se crever les yeux, comme Œdipe. La cécité gagne Jon progressivement. Et la mort de Jocaste ne le conduit pas à vivre dans la forêt, mais avec sa fille, parmi les humains. Le mythe d’Œdipe m’intéresse moins pour sa singularité que pour ce que le récit peut nous dire aujourd’hui. J’en retire ce que je peux partager avec tout le monde, la normalité, ce qui est à la portée de tous. Tout le reste est le fruit de l’inconscient du personnage. »

Née en 1962, Angela Schanelec a débuté comme actrice au théâtre avant de passer à la réalisation. Ses films, notamment Le Bonheur de ma sœur (1995), Des places dans des villes (1998), Marseille (2004), Le Chemin rêvé (2016) et J’étais à la maison, mais... (2019) ont été présenté dans de grands festivals comme la Berlinale, Cannes et Locarno et ont remporté de nombreux prix dont l’Ours d’argent de la meilleure réalisation en 2019.