O soma lucce

«Mais déjà retournait mon désir et la volonté, tout comme roue qui est également mue, l’amour qui meut le soleil et les étoiles ». Le dernier chant du « Paradis » de La Divine comédie est lu par un homme assis au milieu de la campagne toscane. La poésie de Dante dialogue avec le paysage qui apparaît à travers des panoramiques circulaires et semble à la fois immobile, éternel et changeant, ouvert à la vibration des mots rugueux et lyriques. Le même passage est entendu à deux reprises, une première fois en italien avec des sous-titres français et une deuxième fois sans traduction : l’italien de Dante résonne alors comme une matière à la fois brute et raffinée, incroyablement musicale, comme si naissait sous nos yeux émerveillés une langue originelle et enchanteresse, un nouveau monde.

O Somma luce est précédé de deux autres films très politiques de Jean-Marie Straub. Le premier film, Europa 2005, co-réalisé avec Danièle Huillet, est une réaction de consternation et d’effroi suite aux affrontements qui ont eu lieu à Clichy-sous-Bois entre des jeunes de banlieue révoltés par la mort d’un des leurs, des policiers et des sapeurs-pompiers. Il est suivi de Corneille-Brecht : une femme lit dans un appartement parisien des passages d’Horace et d’Othon de Corneille ainsi qu’une pièce radiophonique de Brecht, Das Verhör der Lukullus.