Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures

Atteint d’une insuffisance rénale, Boonmee passe ses derniers jours à la campagne en compagnie de sa belle-sœur et d’un immigré laotien. Autour d’eux, la forêt et le silence offrent un cadre propice à l’apaisement et aux retrouvailles du malade avec les fantômes de ses proches disparus : sa femme et son fils, qui apparaît sous la forme d’un grand singe aux yeux rouges viennent tout simplement à sa table. Plus que la menace d’une fin, c’est davantage le passage et le prolongement de la vie de Boonmee dans un autre monde qui s’annonce à travers la réminiscence des vies antérieures de cet homme et la dilution progressive de son être dans une nature enchanteresse.

La Palme d’Or attribuée à Oncle Boonmee au dernier festival de Cannes met en lumière un cinéaste thaïlandais inconnu du grand public et récompense un cinéma d’une grande poésie, à la fois singulière et très accessible. Le film est traversé par des images oniriques marquantes : un buffle majestueux dans le crépuscule, un poisson magique troublant une princesse. Weerasethakul parle avec les esprits, injecte du merveilleux dans la vie, réinvente le conte et ouvre tout grand les horizons du cinéma.