Parque via

Gardien d’une luxueuse demeure de la banlieue de Mexico, Beto ne fait pas grand chose de ses journées. Vieux, solitaire, il partage son quotidien entre les rares taches ménagères qui lui sont encore attribuées. Dans cette maison depuis longtemps abandonnée et mise en vente, pas beaucoup d'activités, à part repasser ses chemises, recevoir les visites programmées par l’agent immobilier, ou encore les régulières inspections de sa patronne moribonde. Dans cet espace confiné, son rapport au monde extérieur se résume aux incursions nocturnes d’une prostituée et aux différentes atrocités débitées par la télévision.

Inspiré de la vie de l’acteur qui interprète Beto (Nolberto Coria), Parque Via se place d’emblée dans une démarche ambivalente et fructueuse. Voulant garder la beauté de l’enregistrement documentaire, Enrique Rivero fait le choix d’une caméra super-16 mm – et ce, malgré le caractère extrêmement factice d’une fiction aux arêtes narratives répétitives et ingrates. Au-delà de cette angoissante tension entre le récit et l’image, le long métrage exprime dans son ensemble l’ahurissante imperméabilité des classes sociales mexicaines. Plus que par leur culture ou par leur patrimoine, patronne et gardien semblent diverger dans leur manière de se positionner vis-à-vis de la société. De ce manque de convergence généralisé, naît un impératif de rythme radicalement travaillé, concrétisé par une fin absolument bouleversante.