Plus tard tu comprendras

Paris, 1987. Alors que le procès de Klaus Barbie est retransmis en direct, Victor Bastien s’acharne sur des documents familiaux. Catholique de baptême, cet homme d’une quarantaine d’années fouille le passé de sa famille juive. Enlevés pendant la collaboration de l’État français, ses grands-parents maternels (les Gornick) ont laissé un grand silence derrière eux – que sa mère Rivka semble entretenir pour apaiser les derniers jours de son existence. Choisissant le catholicisme tristement sauveur de son mari défunt, Rivka a cherché à cacher ce passé, dont les énormes zones d’ombre font encore souffrir son fils. Face à son silence, Victor essayera de reconquérir la mémoire d’une famille ambivalente.

Adapté d’un roman de Jérôme Clément, ce long métrage d’Amos Gitaï pose des problèmes que l’actualité politique semble malheureusement vouloir brosser d’une historiographie artificieuse. Explorant les travellings latéraux et les zones d’ombre qui en découlent, il visualise les problèmes de mémoire avec justesse : les déplacements des êtres y sont marqués par des trous enfoncés dans la durée, qui confinent à une circularité silencieuse et infernale. Avec ses arrière-plans sonores superbement travaillés et un flashback imaginaire mémorable, le film fait preuve d’une délicatesse et d’une intelligence peu commune.