Révolution Zendj

En voyant des manifestants jeter des pierres durant un reportage sur des échauffourées communautaires dans le sud algérien, le journaliste Mafouth ibn Battûta se demande ce qu’ont toujours sous-tendu de telles émeutes au cours de l’Histoire. Il décide donc de se rendre en Irak étudier la révolte des Zendj, esclaves noirs qui, sous la conduite du meneur persan Ali ben Mohamed, faillit renverser le pouvoir abbâsside entre 869 et 883 aux alentours de Bassorah. Au regard de la situation du pays, Nacera, sa rédactrice en chef, l’envoie investiguer à Beyrouth. Simultanément, Nahla, jeune Palestinienne, revient dans cette même ville où, dans les années 1980, son père fut un militant nationaliste actif. Enfin, Mr Prince, américain, y débarque pour finaliser avec deux partenaires un énorme investissement en Irak de 50 000 m2 dédiés au divertissement et à la consommation espérant ainsi contrecarrer l’obscurantisme religieux. Ces trois destinées, chacune porteuse de ses fantômes, vont finir par se croiser au cœur de Beyrouth qui, elle-même n’est plus, que l’ombre de ce qu’elle fut.

Avec ce troisième long-métrage métaphorique et visionnaire, ayant nécessité trois ans de tournage, écrit avant le Printemps arabe et les événements grecs, Tariq Teguia poursuit son analyse sociale et politique sur le refus de l’oppression. Chaque image, chaque phrase, chaque lumière sont millimétrées, fortes de sens, rendant propice au débat cette œuvre pleine, profonde et intense.