Sacro Gra

Le GRA (Gran Raccordo Anulare) est à Rome ce que le périphérique est à Paris, en deux fois plus long (70 km). Sans commentaire, vec respect et discrétion, Gianfranco Rosi nous présente quelques riverains, êtres en marge mais non marginaux, plus pittoresques les uns que les autres, aussi discrets que le vacarme des voitures et des avions qui les entourent est assourdissant. Ainsi, cet ambulancier en uniforme rouge qui roule d’accidentés en noyés ou encore chez cette vieille dame vivant seule chez elle… Ce pêcheur avec son épouse ukrainienne qui peste, au bord du Tibre, contre l’importation d’anguille… Cette “prostituée chantante” qui veut porter plainte pour avoir été verbalisée “car elle était nue dans sa voiture : un mensonge”… Ce Comte qui a transformé son palais en Bed and Breakfast et qui le loue pour des tournages, y compris de romans-photos, tout en rêvant d’être admis au sein des “Chevaliers de St-Casimir” en Lituanie… Ce quinquagénaire qui, avec sa fille rivée à son ordinateur, devise de tout et de rien à longueur de journée en observant les villas en contrebas… Ou encore ce botaniste, armé d’ultrasons et d’insecticides, cherchant à éradiquer les charançons qui infestent les palmiers “représentants de l’âme humaine”…

Nous les suivons, les écoutons, en sourions… l’empathie en alerte. Ce cinquième film de Gianfranco Rosi a été Lion d’Or au festival de Venise 2013. Une habitude chez ce réalisateur.