Sao Paulo Blues

Il s’appelle Luca, travaille comme tatoueur, vit aux crochets de sa grand-mère Marlène, écoute du rock tendance Rammstein. Elle s’appelle Luara, vit dans un appartement près de l’aéroport, vend des poissons exotiques, adore photographier et aimerait voyager. Enfin, il s’appelle Luiz, regarde suinter les murs de sa chambre, est employé dans une pharmacie, deale des médicaments. Luiz et Luara vivent une passion sensuelle torride. Tous les trois s’ennuient, boivent de la bière à longueur de temps et fument, le plus souvent des produits illicites. Si Luca a peur de travailler, Luiz craint plus la vie que la mort et Luara est incapable de réaliser ses rêves. Alors ils se laissent porter par l’instant, dans une Sao Paulo bruyante, poisseuse voire inondée par la pluie tandis que la télévision diffuse les discours optimistes du Président de la République Lula et que les téléphones sonnent en vain…

Pour son premier film, Francisco Garcia convoque un superbe noir et blanc à la Jarmush, des situations incongrues à la Kaurismäki et une caméra tutoyant ses héros à la Cassavetes pour filmer leur errance physique et psychologique de losers. Le blues du titre reflète celui du vague à l’âme, dans une mégalopole sans samba ni carnaval. L’eau devient omniprésente, l’incommunicabilité totale, la désillusion profonde, le constat terrible.