Seconds - L'Opération diabolique

Arthur Hamilton est un banquier marié, père d'une grande fille, qui mène une vie monotone de petit bourgeois. Quels sont ses aspirations ? Qu'a-t-il fait de ses désirs, de ses passions ? Tout cela semble avoir été étouffé sous le poids de la société, d'un modèle américain un peu lisse. Un jour, en rentrant du travail, Arthur est approché par un inconnu qui lui donne un morceau de papier sur lequel une adresse est marquée. Le soir même, il reçoit un étonnant coup de téléphone d'un ami proche pourtant mort et enterré. Celui-ci l'encourage à se rendre à l'adresse qu'on lui a donnée. Là-bas, on propose avec insistance à Arthur de signer un contrat lui permettant de recommencer sa vie, de repartir à zéro après s'être fait passé pour mort et avoir changé de visage.

Cette ressortie inspirée permet non seulement de découvrir cette pépite oubliée du cinéma, mais aussi de réévaluer ce cinéaste mal connu qu'est John Frankenheimer. Si l'histoire du cinéma a surtout retenu de lui Le Prisonnier d'Alcatraz, moins célèbre est sa trilogie paranoïaque dont Seconds est le dernier volet, après Un crime dans la tête (1962) et Sept Jours en mai (1964). Ce drame faustien au style baroque évoque fortement l'univers de Kafka et témoigne du profond désenchantement mêlé d'angoisse qui gagne la société américaine à la fin des années 1960. Sa parenté avec Rosemary's baby de Roman Polanski, sorti un an après, est frappante.