Split

Split : quand un thriller bascule en film d’horreur

Un homme atteint d’un trouble dissociatif de l’identité enlève trois adolescentes qui vont découvrir ses 23 personnalités. Jusqu’à la 24e qui frappe à la porte de l’horreur.

« Il y a des choses que nous aurions tous du mal à croire », avertit la bande-annonce de Split. Un scénario de dédoublement de la personnalité, le crâne rasé du héros interprété par James McAvoy, des effets sonores recherchés et des décors bien léchés, l’ambiance est donnée. Oubliez quelques petites failles dans l’intrigue et vous êtes scotché au fond de votre fauteuil, ce qui est bien l’objectif de l’auteur-réalisateur-metteur en scène M. Night Shyamalan. Ce qu’il faut comprendre : Kevin a dévoilé au Docteur Fletcher, sa psychiatre attitrée, ses 23 personnalités qui ont chacune d’entre elles des attributs physiques différents.

Un athlète de l’identité

Split, longtemps en tête du box office américain, est un thriller efficace et jouissif qui se transforme rapidement en film d’horreur. Son réalisateur M. Night Shyamalan n’a pas toujours fait l’unanimité. Le Sixième Sens (1999) fût un beau succès qui lui conféra une image d’héritier d’Alfred Hitchcock. Mais Le Dernier Maître de l’air (2010) et After Earth (2013) ont subi les foudres de la critique, lui reprochant notamment l’abus d’effets spéciaux numériques. The Visit en 2015 affiche son grand retour, Split parachève le savoir-faire incontestable de M. Night Shyamalan tant au niveau du scénario que de sa réalisation.

Un personnage schizophrène doté de 23 personnalités exige un interprète qui soit à la hauteur. James McAvoy est rentré corps et âme dans la peau de chacune des personnes enfouies dans son subconscient. La vraie performance d’un athlète de l’identité pour un suspense en huis clos. Split est le type même de thriller qui exige un acteur principal à forte stature. Tels Anthony Hopkins dans Le Silence des agneaux, Kevin Spacey dans Seven ou Anthony Perkins dans Psychose.

McAvoy, un génial schizophrène

La vedette c’est « l’autre » (James McAvoy), une personnalité effrayante prenant possession de Kevin, contrôlant chaque fragment de son corps, chaque pore de sa peau, modifiant au bout du compte son apparence physique. Une guerre sans merci s’empare alors de l’écorce charnelle et du cerveau de Kevin... Le film n’est toutefois pas exempt de quelques longueurs et de petits défauts mais le jeu du génial McAvoy est exceptionnel et il porte à bout de bras le film, du début à la fin.

L’introduction bien formatée est parfaite. La séquestration et la déambulation des « enlevées » au milieu d’une sorte de labyrinthe est réaliste. Un spot fait de longs couloirs et de tuyaux filmés comme si on évoluait dans une coursive de sous-marin. On est parfois surpris par le rythme très lent mais ravi par la dernière séquence que l’on ne racontera pas.