Téhéran sans autorisation

Téhéran aujourd’hui est loin d’être une ville morte, soumise à la sclérose de traditions trop pesantes. Téhéran est une mégalopole mouvante dont le dernier spasme fut incarné par les manifestations de juin 2009. Pour capter ce dynamisme, il faut s’y rendre sans autorisation et ramasser des images presque volées. Il faut aussi prêter attention aux rencontres fortuites qui mettent en lumière des personnages révélateurs d’attitudes profondément actuelles. Les mots sont ceux d’un peuple souffrant du manque de liberté, qui multiplie les stratégies afin de délier les mailles qui l’entravent. Jeunes et intellectuels rusent pour continuer de vivre et penser en-dehors des modèles imposés, une dissidence de tous les instants qui donne du souffle aux destins iraniens. C’est finalement une subtile prise de tension, discrète par ses moyens, pendant laquelle on peut voir les extraits d’existences certes lointaines, particulières mais universelles par le désir d’affirmer leur foi dans l’avenir.

Avec ce documentaire original et impertinent, Sepideh Farsi réussit un portrait vivant de la ville qu’il a quittée à l’adolescence. A l’aide de son téléphone portable, il expose les paradoxes de Téhéran, entre religion et laïcité, tradition et modernité, richesse et pauvreté. Conçu comme un « collage », le film fonctionne comme une ballade où le spectateur est guidé par le regard d’un réalisateur soucieux de percer les réalités d’une société aux richesses dissimulées.