Tell Me Lies

Avec cet humour ravageur et subversif propre aux années 60, Peter Brook adapte sa pièce “US”. Depuis les officiers américains expliquant que “les bavures ne viennent pas du Napalm mais des bombes” aux soldats constatant que “Saïgon est la seule ville au monde où au lieu d’entasser des ordures on brûle des gens”… alternant documents d’actualité insoutenables et saynètes hilarantes comme celle de ces députés expliquant, whisky en main, la nécessité de la guerre… Peter Brook met en scène et en chansons satyriques rock, pop et soul “toutes les couches du gris” de la société civile, militaire, laïque et religieuse pour dénoncer toutes les guerres et violences, avant de constater : “nous voulons être humains mais nous ne sommes que des hommes”. Le fondu au blanc qui clôt ce film et la question posée : “Imaginez que la guerre du Vietnam s’arrête, où aura lieu la prochaine ? Tout est prêt…” nous rappellent avant l’heure que, depuis, il y a eu le “11 septembre”, l’Irak, l’Afghanistan…

Tourné à Londres en 1967, ce 5e long-métrage de Peter Brook, qui ne put être projeté au festival de Cannes 1968 en raison des événements, restait invisible depuis. Il ressort (enfin) en version restaurée et intégrale, grâce aux fondation Technicolor pour le Patrimoine du Cinéma et Groupama Gan pour le Cinéma.