Tout est permis

"Les autre font plus d’erreurs que moi", "je roulais à 200 mais dans ma voiture on n’a pas l’impression d’aller vite", "si je respectais les radars, il me faudrait deux ans pour aller au Maroc" sont quelques unes des excuses aussi sincères que confondantes happées au vol par Coline Serreau pour sa 12e réalisation. Associant méthode journalistique et science du récit, la réalisatrice nous plonge avec sensibilité, acuité et humour au cœur d’un stage de récupération des points du permis de conduire, donnant la parole aux défenseurs à tout crin des conducteurs : l’avocat Éric de Courmont, France Wolf (Motards en colère), Laurent Hecquet (40 millions d’automobilistes)… comme aux représentants des associations pour la sécurité routière, des victimes de la route ou de l’État (le Professeur Claude Got, Chantal Perrichon, le député-Maire Jacques Myart, le Procureur Michel Cruze…) et plus que tout aux stagiaires.

Par son côté tour à tour drôle, édifiant sans être pédagogique, terrifiant, ahurissant, destructeur de clichés, poignant comme lorsque cette jeune fille de 20 ans confie qu’elle "donnerait tout pour revenir cinq secondes avant l’accident" qui l’a rendue à jamais tétraplégique… c’est un véritable panorama de l’humanité qui se dévoile devant nous, opposant principes de plaisir et réalité, intérêt général et particulier, déni et sens de la responsabilité… et nous rappelant au passage qu'aussi usuelle qu’elle soit, la voiture reste un danger.