Useless

Des ouvriers chinois de Canton travaillent d’arrache-pied dans la chaleur étouffante d’une usine de textiles, penchés sur des machines à coudre. Soit l’expression d’un rapport aux vêtements totalement impersonnel, à l’image des conditions de travail harassantes dans lesquelles ils sont fabriqués, alors que derrière ces formes sérielles et industrielles vides, les corps des travailleurs se fatiguent et souffrent. A l’opposée de cette industrialisation forcenée, la styliste chinoise Ma Ke défend un mode de création beaucoup plus artisanal et personnalisé. Ses vêtements sont imprégnés d’une histoire et deviennent une matière presque vivante. Sa dernière collection, présentée à Paris, se confond avec l’œuvre d’un sculpteur : les vêtements montrés ont passés plusieurs années sous la terre et s’imposent à nos yeux comme des survivants d’un autre monde, enracinés dans le temps.

Pour le réalisateur de Still life, Useless (prix Orizzonti à la Mostra de Venise) constitue le second volet d’une trilogie commencée avec Dong. Au portrait de son ami peintre succède ainsi celui d’une autre artiste, en l’occurrence styliste, dont l’impressionnant travail permet au cinéaste chinois d’épouser d’autres perspectives cinématographiques, d’interroger de nouveaux rapports à la création et au monde.